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clinamens

« Les atomes descendent bien en droite ligne dans le vide, entraînés par leur pesanteur; mais il leur arrive, on ne saurait dire où ni quand, de s’écarter un peu de la verticale, si peu qu’à peine peut on parler de déclinaison. Sans cet écart, tous, comme des gouttes de pluie, ne cesseraient de tomber à travers le vide immense ; il n’y aurait point lieu à rencontres, à chocs, et jamais la nature n’eût pu rien créer.” – Lucrèce

Ce qui m’intéresse dans cette notion de l’infime déviation induisant la conséquence immesurable, plutôt que son aspect hasardeux, est le fait que tout était déjà prêt à partir dans n’importe quel sens, à tel point qu’il suffisait d’une toute petite déclinaison pour enclencher une avalanche.

Ou bien, c’est la possibilité que cela pourrait suggérer, pour renverser la notion du hasard, d’un accident aléatoire à l’incident latent.

Il y a autant de clinamens latents que d’atomes qui tombent. Comme le champ silencieux où il pleut des particules, un monde en ordre est déjà imbibé de la possibilité d’un chaos, ou d’une élaboration.

Ahram Lee

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